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Channel: Commentaires sur : 17ème dimanche du temps ordinaire
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Par : Père RD

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La Merveille de la Prière de Jésus

Jésus n’invente pas l’itinéraire de sa vie, il n’improvise pas ses décisions, il ne manigance pas pour s’attirer les faveurs des foules et gagner des places au box-office. Seule lui importe la réalisation du projet que Dieu lui a confié à son baptême : inaugurer le Règne de son Père sur cette terre. Pour découvrir les étapes de cette mission et avoir le courage de l’accomplir jusqu’à son terme, Jésus prie – comme Luc le signale à nouveau aujourd’hui. : « Un jour quelque part, Jésus était en prière. »

Jamais Jésus ne prétendra que sa mission – prêcher, faire le bien, soigner les malades – équivaut à prier. La prière est un acte spécifique qui exige temps, attention, vigilance : pour s’y donner, Jésus quitte les siens et s’enfonce dans la solitude. Quelles que soient l’urgence des œuvres à réaliser et la détresse des malades à guérir, Jésus s’arrête, s’écarte. Car ne peut rejoindre le cœur des hommes que celui qui maintient son cœur près de Dieu. Car le ruisseau tarit s’il perd sa source. Car la foi n’est pas répéter aujourd’hui ce que l’on a fait hier.

Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda :
« Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean Baptiste l’a appris à ses disciples ».

Il n’y a pas un état permanent de prière : Jésus la commence et la termine afin de rejoindre ses disciples. Ceux-ci sont les hommes et les femmes qui ont accepté de quitter leur Galilée pour marcher vers Jérusalem derrière leur maître, dans l’appréhension d’un destin tragique. Certains d’entre eux sont sans doute d’anciens disciples du prophète Jean qui leur avait enseigné une prière caractéristique de son groupe. A présent qu’ils sont devenus communauté de Jésus, ils demandent à celui-ci de leur apprendre une nouvelle prière. Inspirée par les prières de l’Ancienne Alliance, le PATER brille comme la prière de la Nouvelle Alliance. Nous aurons toujours à demander la grâce de bien redire la Prière du Seigneur. « Jésus apprends-moi à sortir de la routine, à peser le sens des mots, à ne pas bavarder, à me laisser travailler par ces quelques phrases »

Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : …….. »

La prière chrétienne n’est donc pas silence, ni formules inventées selon notre bon plaisir : elle est faite de paroles et de paroles reprises de la bouche même du Seigneur. Le PATER n’est pas une belle élévation pieuse, un texte poétique que tout le monde peut s’approprier :
Il vient du secret intime de la relation privilégiée de Jésus- Fils à son Père,
il est accordé sur demande expresse d’un disciple prêt à suivre Jésus jusqu’au bout,
il devient la formule type d’une communauté spéciale que l’on appellera Eglise de Jésus.

C’est une révélation précieuse, un diamant, un trésor nouveau que l’on n’a pas le droit de galvauder ni de rabâcher. Tout mot porte. Apprenons-le à le redire dans sa fraîcheur. (La version de Luc est plus brève que celle de Matthieu qui est devenue le texte habituel)

1) INVOQUER LE NOM : « PERE… »

La prière n’est pas soliloque, expression de nos sentiments mais adresse à Quelqu’un dont il importe d’emblée de dire d’abord le Nom. « ABBA » -diminutif de AB – papa. Mot familier de l’enfant à celui qui l’engendre, le porte, le nourrit, le cajole, le fait grandir, l’éduque. Le chrétien ne parle pas à un Dieu lointain, un Juge impitoyable, un Seigneur. Il ne voit personne (ce serait une idole) : son cœur s’abouche à sa Source de Vie et d’amour. En prononçant ce mot, du même coup il se redit sa propre identité : « enfant de ce Père ». Et il reconnaît que tous les autres disciples de Jésus sont, comme lui, enfants qui, en accord, peuvent murmurer ensemble « NOTRE PERE… ».

2) DEUX VŒUX : « QUE TON NOM SOIT SANCTIFIÉ, QUE TON RÈGNE VIENNE »

Les disciples de Jésus ne prient pas d’abord à leurs propres intentions : comme lui, ils sont passionnés par leur Père.

1) Par son Être. L’identité divine est si souvent niée, bafouée, critiquée, caricaturée, blasphémée. Le verbe au passif est un appel à l’action divine : «Fais-toi reconnaître, découvrir, adorer tel que tu es en vérité ». Que les hommes s’ouvrent à ce qui est au-delà du sensible et qui le fonde. Que s’écroulent les idoles, causes des égoïsmes et des haines et que l’humanité se reconnaisse comme une famille en priant un unique PERE. Que ce Nom soit vénéré, chanté dans une louange éperdue.
2) Par son projet. Dieu n’est pas indifférent : Il nous a faits « à son image » donc libres et responsables et il veut nous sauver, nous libérer de la marée noire du mal qui nous poisse, qui nous étouffe, qui nous tue. A l’exemple de Jésus, et en union avec lui, combien nous devrions exprimer notre désir le plus profond avec la force la plus immense : QUE TON REGNE VIENNE. Il y a tant d’hommes malheureux, tant de méchanceté, tant de déchaînement de haine. Il y a tant d’hommes (tous) qui ont commis le mal et qui sont enfermés dans le remords et le désespoir. Père, viens, préviens, interviens, subviens. Nous sommes tellement fragiles, faibles, inconstants, ignares…Toi seul peux établir ton règne de paix et d’amour.

3) TROIS DEMANDES : PAIN, PARDON, PROTECTION

« DONNE-NOUS LE PAIN DONT NOUS AVONS BESOIN POUR CHAQUE JOUR »

« Manger sans prier, c’est voler » : l’enfant Jésus avait appris ce vieil adage à l’école, il avait vu ses parents toujours fidèles à l’humble prière des repas. Confesser que la nourriture est un cadeau quotidien du Père, c’est avouer sa dépendance filiale, refuser de se prendre comme propriétaire de tout, reconnaître la dignité de tous les convives, refuser la goinfrerie égoïste, entrer dans une société de partage, ne jamais oublier que le pain doit être donné à tout homme sur la terre.
Mais le pain est aussi symbole de la Parole de Dieu : le disciple implore afin d’entendre la Parole qui, en ce jour, lui montrera la route, le fera vivre.
Et le Pain est enfin Pain de Vie. La communauté demande la grâce de célébrer l’Eucharistie, de devenir communion en partageant le Corps du Christ.

« PARDONNE-NOUS NOS PÉCHÉS
CAR NOUS-MÊMES NOUS PARDONNONS À TOUS CEUX QUI ONT DES TORTS ENVERS NOUS »

Le disciple ne s’estime pas impeccable ou parfait. Jusqu’à la fin de sa vie, et quels que soient ses efforts, il aura toujours à demander pardon car il restera toujours pécheur. Et le pardon – la grâce suprême- lui sera accordé sur le champ par son Père. Non parce qu’il le mérite mais parce que le Fils premier a offert sa vie sur la croix dans ce but. Dans le même élan, dans la joie folle de cette miséricorde gracieusement reçue, il devra, à son tour, offrir ce pardon à tous ses frères sachant que la mise en relation des deux dimensions – verticale (avec Le Père du ciel) et horizontale (avec les frères) – a toujours la forme d’une croix.

« ET NE NOUS SOUMETS PAS A LA TENTATION »

Nous ne demandons pas de ne jamais être tentés. N’étant pas des pantins manipulés ni des animaux programmés par leurs instincts, et notre liberté étant capacité de choisir, d’opter dans un sens ou dans l’autre, nous sommes en permanence mis à l’épreuve : vérité ou mensonge, égoïsme ou partage, indifférence ou engagement, foi ou incroyance…Le disciple connaît son incommensurable faiblesse, il a souvenir de ses chutes, de ses engagements pris et reniés, de ses promesses non réalisées, ses intentions jamais tenues, la force des passions, la pression de l’entourage…Père, que je te garde présent dans ma vie, que je t’appelle sans cesse pour me donner la force de résister. Comme ton Fils Jésus qui a été tenté et que son amour filial a gardé fidèle.

* * * * *
L’enseignement du PATER est suivi d’une petite catéchèse sur la prière.
Quelques notes seulement.

1) UNE PARABOLE (lire le texte) : le péché dans la prière n’est pas la distraction comme nous pensons toujours mais l’arrêt, la non insistance. Prier c’est souvent se trouver devant un mur, une porte qui refuse de s’ouvrir ; Dieu semble ne pas nous entendre. Et nous arrêtons. « Cela ne sert à rien ». Jésus nous apprend à tenir, à persévérer, à nous déchirer les ongles sur la porte close. Il nous apprend surtout que nous devons prier le PATER à l’intention des autres – comme le personnage de la parabole intercédait pour les besoins d’un voyageur.
2) LA CERTITUDE DE L’EXAUCEMENT : Jésus est formel :

« Demandez, vous obtiendrez ; cherchez et vous trouverez ; frappez, la porte vous sera ouverte.
Celui qui demande reçoit ; celui qui cherche trouve ; et pour celui qui frappe, la porte s’ouvrira ».

N’avons-nous pas l’expérience fréquente du contraire ? Tant de demandes non exaucées, tant d’appels non répondus. Jésus va expliquer :

3) MAIS LE PERE SAIT QUOI NOUS DONNER :

Quel père parmi vous donnerait un serpent à son fils qui lui demande un poisson ? ou un scorpion à son fils qui lui demande un œuf ?… Si donc, vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent »

Il est vrai que nos demandes ne semblent pas toujours exaucées…comme nous le voulons ! Mais Jésus termine son instruction par une révélation capitale : ce que vous devez demander, c’est l’Esprit, le Souffle de votre Père. Ne pas être des demandeurs centrés sur eux-mêmes et leurs conceptions. Mais des enfants du PERE qui, comme le FILS JESUS, se laissent conduire par le Souffle de l’ESPRIT.
Née de l’Esprit, la prière du FILS et des FILS s’adresse au PERE. Alors dans la foi, même si la porte du tombeau semble inexorablement fermée sur la victoire de la mort, ils savent qu’elle peut s’ouvrir à la prière du Fils qui rejaillit dans la vie ressuscitée.
A LA GLOIRE DU PERE et POUR LA VIE DES FILS.

Ce temps de vacances pourrait être un temps
Où nous nous replaçons dans l’attitude de Marie qui écoute
Afin de pénétrer dans le sens prodigieux de cette brève prière.
Elle est le résumé de l’Evangile
Elle est programme de vie chrétienne.
Elle est soudure entre chrétiens
Elle est ouverture confiante en l’avenir de Dieu.

Raphaël D


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